S’il est communément admis que l’objectivité n’existe pas et que si les journalistes tendent à l’objectivité ils ne peuvent pourtant pas l’atteindre ; il faut s’interroger sur ce que l’on entend par objectivité.
Soyons optimiste et envisageons un journaliste souhaitant honnêtement tendre à l’objectivité.
La méthode journalistique pour tendre vers l’objectivité consiste le plus souvent à présenter autant d’arguments pour, que d’arguments contre, sans trancher, sans juger en somme sans analyse de ces arguments. Les articles issus de cette méthode ne peuvent avoir aucune prétention prédictive, le lecteur ne peut donc pas espérer se baser sur ces textes pour essayer de prévoir l’évolution des événements. Les arguments sont alors présentés comme une liste non pondérée par le poids respectif des différents locuteurs. Ainsi le syndicaliste sera mit sur le même pied que le ministre, ou le militant écologiste que le scientifique. Mais cette mise à niveau formelle relève d’une fausse égalité, le ministre bénéficiant de l’autorité de sont statut, du travail de ses collaborateurs qui préparent ses interventions et de son expérience d’orateur, de même le scientifique disposera de son autorité issue de sa fonction. De sorte que même si l’on donne le même espace aux uns et aux autres, il y a intrinsèquement toujours un avantage pour le représentant des autorités. Cet équilibre entre les intervenants doit se mesurer non pas sur un article mais sur un groupe d’article durant une certaine période que l’on peut définir par le début et la fin d’un ensemble d’événements liés par la référence à une même problématique.
Il existe toutefois une méthode qui pourrait permettre de mesurer l’objectif effective d’un article, d’une analyse de l’actualité.
Si l’on présente une analyse prospective des événements, avec une tentative de prévoir l’évolution probable des situations présentées. On peut alors, en comparant la prédiction avec l’évolution réelle des faits, savoir si l’article est objectif. En effet si l’analyse parvient à une prédiction correcte de l’évolution des événements, on peut alors dire que cette analyse a une certaine objectivité que l’on peut mesurée par l’adéquation avec les faits observables. Inversement, une analyse erronée donnera fort probablement une prédiction erronée. L’écart entre l’évolution des événements et l’évolution prédite pourra alors être considérée comme étant la résultante de la subjectivisée du rédacteur –ça s’est moins évidant car l’erreur peut aussi être faite honnêtement, par exemple lorsque certain éléments déterminant sont cachés.
Il est claire que s’essayé à l’analyse prédictive revient à prendre le risque de se tromper et de perdre une partie de sa crédibilité. C’est d’ailleurs se risque que ne veulent pas prendre les patrons de presse car ceux-ci ont besoins de maintenir un bon niveau de confiance de leur lectorat envers eux. Cette attitude prudente qui refuse de s’engager dans l’évolution probable de l’actualité à pour conséquence d’avoir vidé, ces journaux, de tout intérêt. Cette presse ne permet plus alors, au lecteur de prendre position dans l’évolution des événements.
Il sera rétorqué que la simple présentation des faits et des arguments des différents acteurs de l’actualité, permet au lecteur de se faire sa propre opinion. À quoi il peut être répondu que peu de personne on l’occasion d’avoir accès à toute l’information, que ces même personne n’ont pas forcément le temps de faire l’analyses de ces information et que de plus tout le monde ne dispose pas des outils, des connaissances et des compétences nécessaires à cette analyse.
En se réfugiant derrière les « faits » et en omettant l’analyse le journaliste démissionne d’une partie de ses attributions.
Pour information, voir article des amis du monde diplomatique: « LA FABRIQUE DE L’ACTUALITE » ou « comment le traitement de l’information intègre le processus marchand » du 05 mai 2005http://www.amis.monde-diplomatique.fr/article.php3?id_article=859
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire